Comment le groupe a criatura s’est constitué

Plutôt que de donner des dates précises, je m’attacherai à parler d’un lien à la clinique de l’enfant, dans le champ de la psychanalyse d’orientation lacanienne.

Ayant eu l’expérience d’un hôpital de jour pour enfants, à Nice, et d’un dispensaire où l’activité thérapeutique était soutenue par la psychanalyse, lorsque je suis arrivée à Bastia, dans le service de pédo-psychiatrie, j’avais dans mes bagages l’usage d’une référence aux textes de Freud et de Lacan.

Le dispensaire de Toga dans lequel travaillait déjà Jean-Pierre Denis se prêtait fort bien à la poursuite d’une recherche sur la clinique de l’enfant. Les médecins de l’époque étaient même assez contents de notre façon d’accueillir les enfants et leur famille, quelque soit la forme de leurs symptômes.

C’est ainsi que l’idée de mettre en place un groupe, hors institution, pour parler de nos pratiques s’est imposée. Noëlle Fraticelli-Galeani, psychologue à Ajaccio, s’associait à ce projet, immédiatement. Mais derrière cette perspective de recherche, j’avais le désir de créer une institution, à la mesure de notre orientation, une institution dans laquelle le travail avec les enfants et leur famille échapperait aux contraintes hospitalières, qui déjà en 1997 s’annonçaient de plus en plus administratives.

Très vite le groupe s’est constitué. Viviane Marini-Gaumont qui suivait de très près mon initiative, proposa un nom « a criatura », voulant jouer sur l’équivoque des deux langues, la corse et la française. En langue corse criatura évoque les enfants en tant que catégorie, sans trop de précisions et en français la référence est féminine, la créature est une femme particulière. Bref, Viviane aimait créer la surprise que ce nom provoquait.

C’est ainsi, qu’avec ce projet de recherche, de lectures de textes et de création d’institution, j’ai rencontré Judith Miller, responsable du Champ freudien, fille de Jacques Lacan. Elle décida de proposer au Comité d’accueil et d’orientation du Cereda ce groupe naissant.

L’autre point important était le lieu des réunions. Au départ, par commodité, nous nous rencontrions dans le CMP où je travaillais. Mais il me fallait créer une démarcation d’avec l’hôpital, afin d’avoir toute marge de manœuvres. Le Centre Culturel Una Volta consentit à nous accueillir puisque déjà il avait accueilli « le séminaire du vendredi », que Jean-Pierre Denis et moi même avions animé avant la création de l’ACF Restonica.

Le groupe a criatura s’est donc mis au travail, pour devenir ce qu’il est actuellement. Sauf que l’institution n’a jamais pris forme… pas encore…

Parallèlement Jean-Pierre Denis s’engagea dans la constitution d’un LAboratoire du CIEN, L’enfant auquel vous avez pensé, soutenus par Daniel Roy et Philippe Lacadée.

Dernier petit détail : le petit a de a criatura est en italique, comme l’écriture de l’objet petit a. L’enfant comme objet petit a se retrouve donc inclus dans le nom du groupe.

 

Marie-Josée Raybaud