Retour sur la 3ème journée du CERA : « L’autisme pour tous. »

Le 23 mars dernier, la 3ème journée du Centre de Recherches et d’Études sur l’Autisme s’est tenue, en présence, au Palais des congrès d’Issy-les-Moulineaux sous le titre « L’autisme pour tous ? »

En ouverture de cette journée, Jérôme Lecaux, directeur du CERA interroge alors comment rencontrer ces sujets, comment les accueillir ? Il rappelle des notions fondamentales et amène que supposer un sujet peut être un moyen de le produire. Les sujets autistes ne sont pas hors langage mais, pour reprendre Lacan, possèdent un rapport particulier au langage en tant qu’ils sont verbeux. Parier sur le sujet, par l’accueil des inventions de chacun, permet une ouverture sur le champ des possibles, là où les objectifs communicationnels institutionnels peuvent venir anesthésier le désir du praticien qui est confronté à un certain impossible.

« Comment accueillir ? », c’est ce dont il a été question tout au long de la journée à travers les cas cliniques présentés, discutés, puis commentés par Éric Laurent.

Nous avons d’abord entendu le parcours de Marcus, âgé de 8 ans, qui ne peut se séparer de sa mère, mais également de ses objets. Nous avons pu saisir comment Isabelle Magne, par une présence décidée, mais pas intrusive, l’accompagne dans sa mise en place d’un trajet, d’un itinéraire, pas sans ses objets et à partir desquels un jeu peut s’ébaucher et s’investir, avec le partenaire analyste.

Camillo Ramirez nous a parlé de sa rencontre avec le jeune Ryad, âgé de 6 ans, qui se présente avec une certaine solitude, mais qui demeure sensible à une attention particularisée, et peut émettre un langage sur le mode de la ritournelle. Au fil des rencontres, nous pouvons suivre de manière très précise comment Camillo va se faire partenaire de ce jeune sujet et soutenir la construction d’une topologie par l’accueil de la mise en place de ses premiers circuits. Et ces derniers vont pouvoir s’enrichir du côté de l’inscription du langage dans un circuit, permettant à Ryad une inscription au lieu de l’autre, et d’assurer sa présence dans le monde.

Et justement concernant la question de la topologie, j’ai été sensible à la manière dont Éric Laurent avait pu éclairer les cas présentés tout au long de cette journée par rapport à ce point précis dans la clinique de l’autisme. Dans son intervention, il nous rappelle très justement que le sujet autiste fonctionne à partir de résons dans le corps, qui sont pour lui de l’ordre de l’affect. Car habiter une langue, nous dit-il, c’est supporter ce qui pour le corps fait affect, ce qui résonne et ce réson, le sujet autiste l’éprouve à l’éliminer. Par la répétition de ce 1, le sujet tente de se construire un bord. Éric Laurent nous précise que la topologie dans laquelle s’inscrit le sujet n’est donc pas enfermement, mais itération à l’infini en ce sens que ce réson de la langue est inscrit dans une topologie qui fait délimitation et bord quand il n’y en a pas. Il prend exemple de la fonction des dessins animés qui, chez ces sujets vont servir de littoral en tant qu’ils constituent une perception qui permet de parler de l’articulation des phénomènes du corps. Et qu’il va s’agir ici de phénomènes d’inclusion et d’exclusion constants, nous sensibilisant ici aux montages dont peuvent faire usage les sujets autistes, dans notre pratique, qui demeurent toujours plus singuliers à chacun.